Drame Alzheimer function favoris() { if ( navigator.appName != 'Microsoft Internet Explorer' ) { window.sidebar.addPanel("Midilibre","http://www.midilibre.com",""); } else { window.external.AddFavorite("http://www.midilibre.com","Midilibre"); } }
Édition du mercredi 20 mai 2009
Ph. B. CAMPELS
MontpellierDrame d'Alzheimer, l'enseignante qui avait tenté de tuer sa mère a été incarcérée Le 25 avril, cette quinquagénaire avait poignardé sa mère de 87 ans, ne supportant plus la maladie.
«
Je n'ai pas prémédité mon acte pendant des mois, c'était une espèce de
fantasme, des scènes imaginaires. Et j'ai mis en pratique cette
décision le 24 avril. » Bernadette C., 55 ans, a tenté d'expliquer
son acte désespéré : celui de tuer Raymonde C. sa mère de 87 ans, à
Montpellier, à coups de somnifères puis à coups de couteau, parce
qu'elle ne supportait plus les conséquences de la maladie d'Alzheimer (
Midi Libredu 28 avril). Ces paroles, elle les a prononcées devant la chambre de
l'instruction qui a décidé, hier, de placer en détention provisoire
cette agrégée de français (1), d'abord remise en liberté sous contrôle
judiciaire ce qui avait poussé
cachePubVide('pubCarreEdit');
le parquet général à faire appel.
Selon l'accusation, cette dame, qui enseigne dans un lycée en région parisienne, avait imaginé donner
« une mort douce à sa mère depuis plusieurs mois ». Si
elle vit à Paris, elle venait fréquemment à Montpellier pour s'occuper
de l'octogénaire qui pouvait aussi compter sur un infirmier matin et
soir et sur son autre fille qui habite dans le même immeuble qu'elle.
En fait, depuis la mort du père, en novembre 2007, l'état de Raymonde
C. s'était beaucoup dégradé et celle-ci avait fait promettre à ses
enfants de ne pas la placer en maison de retraite. Les filles se sont
donc relayées mais Bernadette, qui connaît des problèmes de dépression,
a craqué. Alors, ce 24 avril, elle amène sa mère à Palavas,
« pour un dernier bonheur, l'air de la mer ».
A la maison, elles mangent un goûter à base de pâtisseries orientales
« comme dans leur enfance, en Algérie ». Entre
temps, elle lui a fait ingurgiter des somnifères et de l'alcool. Le
soir, elle lui met deux doigts sur la gorge et un oreiller sur la tête,
croyant l'étouffer. Mais le lendemain, l'octogénaire est toujours en
vie. Elle lui porte alors cinq coups de couteau au niveau du sternum et
espère faire croire à un suicide. La victime en réchappe et est
aujourd'hui hors de danger.
« Elle a subi cette horrible maladie,
ce long au revoir qu'est l'Alzheimer. C'est une affaire d'une douleur
exceptionnelle, cette lente agonie de celle qui était le pilier central
de la famille », a rappelé M e Marie-Laure Lapetina, l'avocate de
la mise en examen. Même s'il apparaît que la retraitée n'a jamais
demandé à ses proches de mettre fin à ses souffrances.
Aussi, le
débat s'est forcément déplacé sur le terrain de l'euthanasie active,
fustigé par l'avocat général qui a obtenu l'incarcération : «
Elle
a prémédité l'acte depuis plusieurs mois et elle s'est acharnée, les
médicaments, l'alcool, l'oreiller, les coups de couteau... Cette
euthanasie active et précipitée est inquiétante, on ne peut pas la
banaliser et puis la situation n'était pas sans issue, les proches
étaient là, la famille n'était pas dans le besoin. » A
contrario,
M e Benyoucef, l'autre avocat de Bernadette C. a évoqué le non-lieu
dont avait bénéficié Marie Humbert, cette mère qui avait abrégé les
souffrances de son fils Vincent.
« 91 % des Français sont pour
l'euthanasie active, c'est un acte d'amour qu'elle a accompli, il a
fallu un amour sans limite pour ôter la vie à celle qui lui a donnée. » Yanick PHILIPPONNAT
(1)
La chambre a motivé sa décision en évoquant l'acharnement mais aussi la
nécessité d'effectuer des investigations au sein de la famille sans
pression psychologique.